Cette interview de notre Chief Digital Officer, Felix Lemaignent, a été utilisée dans l’article de Capital Pourquoi vous avez intérêt à vous former à l’IA (et vite). Elle revient sur l’impact de l’IA dans le recrutement et les entreprises.
Quels sont les salariés touchés par la révolution IAG et quels sont leurs défis ?
On peut distinguer 2 catégories de salariés sur lesquels les impacts seront de natures différentes. D’abord, celui dont le métier va être directement transformé avec l’IA, qu’il est susceptible d’utiliser tous les jours pour réaliser ses tâches ou sur laquelle il est susceptible de travailler. On pense notamment aux profils de la tech et ceux gravitant autour. Ces profils salariés ou freelance informatique / digital doivent obligatoirement se mettre à jour sur l’IA et comment elle s’inscrit et va s’inscrire dans leur activité pour rester pertinent sur leur métier.
Ensuite, on retrouve des profils salariés plus standards, qui seront impactés un peu plus indirectement. A l’instar des collaborateurs qui appliquent les bonnes pratiques de recherches Google ou maîtrisent la large palette de fonctionnalités Excel, les collaborateurs qui maîtrisent les IA génératives auront un avantage. Ils gagneront en productivité et en versatilité, c’est-à-dire travailler plus vite, plus efficacement, avec davantage d’autonomie (attention pas toujours MIEUX jusque-là). Il ne faut pas oublier toutefois que l’IA s’intègre déjà dans des outils de travail mais que son usage reste sous-jacent et invisible pour le son utilisateur. Le sujet est bien les IA génératives qu’il faut prompter, voir avec qui il faut discuter à travers une interface de chatbot. Et ce type d’IA Génératives va remettre au premier plan les enjeux autour de la fracture numérique car les inégalités du numérique existent et le boom des usages IA est susceptible de les creuser.
Un enjeu important est la peur compréhensible sur son emploi, sur sa légitimité, qui sera peut-être remise en question : Mon métier va-t-il être remplacé par l’IA ? Si j’utilise l’IA dans mon travail, cela signifie-t-il qu’elle peut faire la même chose que moi ? Si les budgets de mon service se réduisent, vais-je me retrouver en concurrence avec mes collègues pour garder mon emploi ? Clairement la capacité à utiliser l’IA pour se maintenir dans une course à la productivité est destinée à être valorisée dans tous les périmètres dans lesquels les services d’IA générative trouveront des cas d’usages. Pour certains l’IA est donc perçue comme un enjeu de survie.
Pour d’autres, c’est une technologie qui impressionne. Si beaucoup sont habitués à devoir se former à une nouvelle fonctionnalité, un nouvel outil, avec plus ou moins de réticence et de fatigue quant à cette constante dynamique de mise à jour parfois lourde, l’adoption des outils d’IA générative n’est même plus une marche à monter mais un tout nouvel escalier à gravir. En effet, si la plupart des outils se basent sur des données entrées par l’utilisateur, des boutons d’interaction et une navigation arborescente, l’IA générative, notamment dans sa forme chatbot comme ChatGPT, fonctionne sur la base d’une requête textuelle (avec parfois la possibilité d’ajouter de l’image ou des documents). Ce format chatbot représente une toute nouvelle forme d’interaction avec la technologie avec laquelle il va falloir développer une nouvelle forme d’esprit critique. Car sans comprendre un minimum le phénomène de génération textuelle, il est facile de prendre pour argent comptant ce que nous renvoie une IA générative car on s’imagine souvent à tort que ses réponses viennent directement de données réelles plutôt que par une logique probabiliste d’apparition du prochain mot.
A l’instar du passage du téléphone et du fax à l’ordinateur et internet, on assiste à un nouveau changement de paradigme avec l’IA générative qui par ailleurs est particulièrement accessible. Cet ordinateur qui est aujourd’hui un outil professionnel prépondérant pour beaucoup de salariés, sans oublier le smartphone ou même des tablettes qui outillent petit à petit le monde ouvrier, a transformé le travailleur en travailleur équipé. De fait, les travailleurs qui réussiront à maîtriser et exploiter les capacités des IA génératives seront les nouveaux travailleurs augmentés.
Quels sont les risques pour les professionnels qui ne se forment pas à l’IAG ?
Cette fracture digitale qui s’observe en partie par les différences générationnelles va se creuser entre des travailleurs augmentés et des travailleurs dépassés. Qu’on le veuille ou non, l’IA est là, et même si elle tend à être régulée, certains usages sont déjà dans les habitudes. Si les salariés ne se forment pas, d’autres plus attirés par les innovations, plus « digital native » le feront et seront plus compétitifs car ils offriront en même temps une meilleure productivité et une meilleure versatilité professionnelle. Autrement dit, ils seront en capacité de gérer un plus grand nombre et une plus grande variété de tâches.
Que ce soit se former sur les usages IA ou sur les compétences métiers que L’IA ne gère pas, les salariés doivent se former. En revanche, une formation sur l’IA ne sera pas suffisante. La maîtrise et la pleine exploitation des capacités de l’IA générative viendra avec l’expérience et l’usage, à travers lequel se construira le digital acumen nécessaire à ce travailleur augmenté.
Par ailleurs, on peut également appliquer le raisonnement aux entreprises. Les entreprises qui n’auront pas investi dans la formation de ses salariés et préparé les usages internes risquent de se voir dépassés. En effet, elles doivent pour leur part gérer les questions de protection des données, la sécurité, la gouvernance. Elles ne peuvent pas avoir des collaborateurs qui suivent aveuglément des hallucinations d’IA, ou copie-colle du texte sans le relire comme on peut le voir dans certains papiers scientifiques.
L’IA va-t-elle devenir un critère d’employabilité et de recrutement ?
Dans un contexte où toutes les entreprises cherchent à optimiser leur productivité tout en maîtrisant leurs coûts, un candidat capable de tirer parti des technologies d’IA représente un investissement prometteur. Cependant, il est crucial de comprendre que la simple mention de cette compétence sur le CV n’est que la partie émergée de l’iceberg. Elle sert avant tout de point d’accroche, ouvrant la porte à une démonstration plus approfondie lors de l’entretien. En effet, lors de l’entretien, le candidat aura l’opportunité de déployer toute l’étendue de sa culture et de sa maîtrise des outils d’IA générative. C’est l’occasion de montrer non seulement une connaissance théorique, mais aussi une compréhension pratique de la façon dont ces technologies peuvent être appliquées pour résoudre des problèmes concrets dans l’environnement professionnel. Démontrer une maîtrise de l’IA dans un processus de recrutement montre de la curiosité, de la facilité à embrasser le changement, de la polyvalence. Pour les entreprises cela représente des profils prêts à évoluer, en recherche de challenge, avec une appétence certaine pour l’innovation numérique.
L’IA gen peut aussi représenter un outil de formation précieux quand bien utilisé. Couplée à une démarche d’apprentissage continu, l’IA Gen permettra d’investir rapidement de nouveaux périmètres d’activité, d’approfondir des formations, de facilement mettre en pratique certains concepts nouveaux. Cette capacité d’auto-formation assistée par l’IA sera particulièrement précieuse dans un contexte où l’apprentissage tout au long de la vie devient une nécessité pour rester compétitif.
En termes de progression de carrière, l’adoption de l’IA générative offre aux salariés un avantage compétitif indéniable dans leurs tâches quotidiennes. Elle agit comme un véritable accélérateur de compétences, permettant aux utilisateurs avertis d’étendre considérablement leur champ d’action et leur efficacité.
Prenons l’exemple des outils bureautiques courants : avec l’IA générative, un professionnel de la finance peut désormais maîtriser une gamme beaucoup plus étendue de formules Excel complexes, sans nécessairement avoir à les mémoriser.
De même, la conception de présentations PowerPoint gagne en impact et en professionnalisme. L’IA peut suggérer des mises en page innovantes, générer des visuels pertinents, ou même aider à structurer le contenu de manière plus persuasive. Le résultat : des présentations qui captivent l’audience et renforcent la crédibilité du présentateur.
Dans le domaine de la communication écrite, l’IA générative transforme la manière dont les professionnels rédigent leurs emails et leurs comptes-rendus de réunion. Non seulement elle accélère considérablement le processus de rédaction, mais elle contribue également à améliorer la clarté, la précision et le ton des messages. Les salariés peuvent ainsi produire des communications plus impactantes, mieux structurées et adaptées à leur audience, ce qui renforce leur image professionnelle et leur efficacité.
Il est important de noter que ces améliorations ne se limitent pas à une simple augmentation de la productivité. Elles permettent aux salariés de consacrer plus de temps et d’énergie à des tâches à plus forte valeur ajoutée, comme la réflexion stratégique, la créativité ou les interactions humaines, des aspects cruciaux pour l’évolution de carrière qui ne peuvent être entièrement délégués à l’IA.
En somme, l’IA générative, lorsqu’elle est maîtrisée, devient un puissant levier de développement professionnel. Elle permet aux salariés de transcender les limites traditionnelles de leurs compétences techniques, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles opportunités d’évolution et de reconnaissance au sein de leur organisation.
Côté Freelance, l’IA est aussi un avantage compétitif et les entreprises seront du plus en plus amenées à rechercher des profils ayant évolué dans des contextes projets IA ou ayant expérimentés différents cas d’usages au cours de leurs missions.
Que met Mindquest en place vis-à-vis de ses salariés et de ses clients ?
Nous avons développé des ateliers de sensibilisation pour mettre à niveau nos collaborateurs et du coaching personnalisé pour suivre et soutenir les usages d’IA Gen qu’ont nos collaborateurs.
Par ailleurs nous gardons une veille active qui nous permet de partager les dernières bonnes pratiques éprouvées sur du prompting, sur les risques d’hallucination, ou encore les meilleurs modèles du moment.
Nous avons également lancé une initiative pour développer des outils et services internes d’IA Gen, pour répondre aux besoins et attentes des métiers en gardant le contrôle sur nos données et en construisant des outils adaptés et spécifiques à notre organisation.
L’intégration de l’IA dans le processus de recrutement n’est pas une nouveauté pour notre industrie mais l’IA Gen représente elle une évolution significative. Cependant, cette avancée s’accompagne d’un défi crucial : la gestion des biais potentiels de l’IA. Il est primordial de comprendre que les systèmes d’IA ne sont pas intrinsèquement neutres ; ils peuvent reproduire, voire amplifier, les biais présents dans les données sur lesquelles ils sont entraînés. Ces biais peuvent concerner le genre, l’âge, l’origine ethnique ou d’autres caractéristiques personnelles, conduisant potentiellement à des décisions de recrutement discriminatoires. Les plateformes freelance et les cabinets de recrutement doivent donc être vigilants.
Chez Mindquest, nous sommes pleinement conscients de cet enjeu. Notre approche vise à tirer parti des avantages de l’IA tout en mettant en place des garde-fous rigoureux pour prévenir les biais. Nous voyons l’IA non pas comme un substitut à l’expertise humaine, mais comme un complément précieux qui, utilisé avec discernement, peut considérablement améliorer la qualité et l’efficacité de nos services de recrutement, tout en maintenant l’équité et l’inclusivité au cœur de notre processus.